Amélie Peresson

Amélie Peresson

Doctorante-chercheuse

Membre permanent en formation doctorale

Thématiques de recherche, expertises et enseignements

Je consacre ma thèse à l’éducation libertaire, un sous-courant de l’anarchisme. En un peu plus de deux siècles, les penseurs et les sympathisants de ce mouvement ont produit un très large éventail de textes, et ont aussi créé de nombreuses expériences pédagogiques. Ces ressources foisonnantes partagent cependant un point commun : toutes portent un projet de société qualifié par leurs architectes « d’émancipateur ».  Les éducateurs libertaires considèrent en effet que l’éducation est un puissant outil de transformation, à la fois individuel, mais aussi social. Leurs réflexions se focalisent ainsi sur les effets réels que peut avoir l’éducation sur le développement d’une personne, mais aussi sur l’ensemble de la société. Les libertaires observent au XIXe siècle le processus d’institutionnalisation de l’éducation, et craignent qu’elle ne devienne qu’un outil d’asservissement politique, économique, et intellectuel. Plus précisément, ils redoutent l’influence de l’Église catholique et de l’État républicain en la matière. Il me semble que leurs réflexions annoncent souvent celles que Foucault élabore en 1970, avec Surveiller et Punir : les libertaires pointent un siècle avant lui l’instrumentalisation disciplinaire que l’État peut faire de la pédagogie. Les éducateurs libertaires critiquent alors vertement le modèle naissant de l’école républicaine, qu’ils n’estiment être qu’une fabrique de travailleurs dociles et dépolitisés. Ils tentent ainsi de proposer des modèles d’éducation alternatifs, dont les modalités ont été très diverses, mais qui partagent un objectif commun : protéger les personnes humaines de toute domination extérieure afin que chacun puisse se construire lui-même. Au cours de mes premières années de thèse, mon étude s’est donc essentiellement portée sur l’analyse des discours militants élaborés par les partisans de la pédagogie libertaire. L’objectif était de mettre en avant leur aspect profondément révolutionnaire : l’éducation est avant tout un levier de transformation politique que les anarchistes mobilisent afin de donner l’occasion à chacun d’œuvrer à la mise en place d’une société libertaire, en évacuant tout rapport de domination. Au cours de ma deuxième année de thèse, je me suis focalisée sur l’étude des situations de communications que les libertaires s’efforcent de dessiner entre les professeurs et les apprenants, et sur les façons dont ils tentent de réguler les interactions interpersonnelles surgissant dans des situations d’apprentissage.